Accueil A la une Entre défis et opportunités économiques : Pour que le secteur privé soit un vecteur de croissance 

Entre défis et opportunités économiques : Pour que le secteur privé soit un vecteur de croissance 

 

Entre un commerce international en mutation et des défis d’innovation technologique, l’économie tunisienne, notamment le secteur privé, a besoin de croissance pour sortir le pays du piège du revenu intermédiaire.

Présent lors de la conférence du lancement officiel du comité national tunisien de la Chambre de commerce internationale, Julian Kassum, secrétaire général adjoint du réseau de CCI, est intervenu pour souligner l’importance du rôle du secteur privé dans l’impulsion du commerce international.

Cinq enjeux majeurs

Selon Kassum, la croissance économique, notamment celle du secteur privé, est intimement liée à sa capacité d’insertion dans l’économie internationale.

En effet, l’intégration du secteur privé dans les chaînes de valeurs mondiales constitue aujourd’hui un défi majeur dans la mesure où il doit accroître sa compétitivité et s’adapter pour être en phase avec les changements qui sont en train de s’opérer dans les diverses activités économiques. Il a ajouté que plusieurs secteurs, tels que l’énergie, l’agriculture, l’automobile…, sont à l’épreuve de transformations importantes toutefois génératrices d’opportunités.  Toujours d’après Kassum, le commerce international s’est ralenti et les économies mondiales sont de plus en plus fragilisées et fragmentées, au cours de ces dernières années. Dans un tel contexte, il est impératif, selon ses dires, que le secteur privé soit compétitif.

Une compétitivité qui est toutefois conditionnée par les enjeux du commerce international. En effet, cinq principaux enjeux qui mettent à rude épreuve le commerce international ont été identifiés. Premier écueil, la multiplication des barrières au commerce dont le nombre est passé de 1.000 en 2019 à plus de 3.000 l’année dernière.

Les entreprises privées doivent être au fait de chacune de ces nouvelles barrières qui peuvent impacter leurs activités.

Ensuite, il y a le climat des affaires. Parmi les divers facteurs qui influent sur le climat des affaires, Kassum a mis l’accent sur l’importance de l’accélération de l’arbitrage dans la résolution des litiges, un élément décisif pour attirer de nouveaux investisseurs. 

Le troisième enjeu est lié au développement durable. En effet, certaines nouvelles réglementations dans le monde et en particulier en Europe peuvent porter préjudice à des pays tiers. D’où la nécessité de la mise à niveau environnementale du secteur privé dans ces pays, dont le commerce extérieur est particulièrement lié à des partenaires européens.  Kassum n’a pas manqué d’évoquer le passage au numérique non seulement comme étant une obligation, mais comme un atout qui va permettre au secteur privé mais aussi étatique de monter en compétitivité et de gagner en efficacité. Et enfin, le multilatéralisme qui, malgré tout, demeure d’actualité puisqu’il contribue au progrès des pays, et ce, dans le cadre d’un dialogue continu. 

Une résilience économique fragilisée 

De son côté, le professeur en économie Abderrazak Zouari a dressé un état des lieux de l’économie tunisienne. L’universitaire a affirmé que la Tunisie s’est trouvée, depuis des années, piégée dans la « trappe des pays à revenus intermédiaires et n’arrive pas à avoir une croissance plus élevée ». 

Selon ses constatations, le processus de convergence vers les pays à haut revenu est complètement bloqué. 

En cause : des obstacles structurels à la croissance. Entre incapacité d’adopter de nouvelles technologies et un état stationnaire avec les mêmes structures productives, la situation de stagnation a persisté dans la durée et a conduit à un fléchissement du taux de la croissance. 

« C’est le progrès technique et donc l’innovation qui permettent d’impulser la croissance et de sortir de cet état stationnaire », a-t-il remarqué. Il a ajouté que la résilience dont a fait montre l’économie tunisienne commence, depuis des années, à se fragiliser.

Une résilience qui puise essentiellement son origine dans la diversification de l’économie. Mais l’essoufflement du modèle économique tunisien basé sur la sous-traitance commence à se faire sentir à partir de la crise de 2008 lorsque le taux de croissance est passée de 5 à 3%. 

Selon l’économiste, deux facteurs sont à l’origine de cette fragilisation: la baisse du taux d’investissement qui a baissé de 11,2% par rapport aux années 2000 et la productivité globale des facteurs qui est passée de 1,67% en 2010 à 0,6% en 2020. « 2 points des 4% de croissance qu’on faisait provenaient de la productivité des facteurs. Je pense que ce sont les deux éléments auxquels il faut accorder une importance particulière », a conclu Zouari.

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